triathlon ...

Scott Tinley

Les prémices


En France se déroulent au début du XXe siècle (vers 1920) ce qui peut être considéré comme les premières compétitions de triathlon. En effet sur les bords de Marne à Joinville-le-Pont, en banlieue parisienne, « les Trois Sports », c'est le nom de ces épreuves, ont lieu les dimanches d'été. La natation est souvent remplacée par le canotage. La convivialité et l'esprit sportif font de ces épreuves un rendez-vous des amateurs d'efforts combinés. Au début des années 1940 apparaissent à Poissy toujours en banlieue parisienne, des triathlons appelés « Course des Débrouillards » puis « Course des touche à tout ». Le manque d'ambition, malgré la bonne humeur, entraîne la disparition de ces épreuves.
En 1934, la course des trois sports est à La Rochelle le moment le plus insolite de l'année. Il s'agit de traverser le chenal à la nage soit environ 200 mètres, de parcourir dix kilomètres à bicyclette, du port de la Rochelle au parc de Laleu, quartier situé plus au nord, et enfin d'avaler trois tours de piste en courant, soit 1 200 mètres sur le stade André-Barbeau.

Les débuts

Il faut attendre mai 1974 pour voir réapparaître aux États-Unis le premier triathlon moderne, il a été réalisé et conçu par Jack Johnstone et Don Shanahan et parrainé par le San Diego Track Club à Fiesta Island près de San Diego en Californie. Sur une distance de 450 mètres en natation, 8 kilomètres à vélo et 8  kilomètres en course à pied s'affrontent des Californiens adeptes d'une culture basée sur le multi-sport et le fitness.
Mais le grand « Big-Bang » du triathlon viendra d'Hawaï. En 1977 John Collins, Capitaine de Vaisseau vétéran de l'US Navy, propose d'enchaîner trois épreuves parmi les plus dures d'Hawaï : la Waikiki Rough Water Swim (3,824 km de natation), l'Around Oahu Bike Race (179  km de vélo) et le Marathon d'Honolulu (42,195  km de course à pied). Le 18 février 1978, quinze candidats s'élancent dans cette folle aventure pour le titre « Ironman » (homme de fer). Le premier à franchir la ligne d'arrivée fut Gordon Haller en 11 h 46 min 58 s. Ils seront douze à terminer l'épreuve.
Franchissant l'Atlantique, cette discipline révolutionnaire conquiert l'Europe du Nord (Pays-Bas, Belgique, Allemagne de l'Ouest) en 1981. Cette vague sportive s'étend à la France, plus précisément par la Côte d'Azur avec Nice en 1982. Les images « choc » produites par Antenne 2  révèlent ce sport au grand public. Certains inconditionnels des activités traditionnelles crient « aux fous », mais ces sportifs vont créer de nouveaux adeptes. Le triathlon rompt avec les habitudes, l'enchaînement de ses trois composantes va à l'encontre de toute logique physiologique. En fait, il sort des « sentiers battus » que sont les stades et les piscines et porte un label qui peut paraître mythique : « made in U.S.A. ».

La reconnaissance

Le triathlon est devenu sport olympique  en 2000 à Sydney. C'est une version « courte distance » 1 500  mètres de natation, 40 kilomètres à vélo puis 10 kilomètres de course à pied qui est choisie comme support de la course olympique. Cet enchaînement 1500/40/10 est depuis appelé « DO » (Distance Olympique) en lieu et place du toujours très usité diminutif « CD » (courte Distance). En 2013 l’appellation de cette distance est devenue : distance « M ». Sur cette compétition le drafting ou « aspiration-abri » est autorisé.

Nice 1982 , première en France 

Devant le succès événementiel des premières épreuves d'Hawaï de TRIATHLON, notre sport réalise une percée internationale et revient sur le vieux continent. Le rôle des médias dans ce déploiement est, bien sûr, lié au caractère exceptionnel de l'effort qui retient toute l'attention des journalistes sportifs.
Franchissant l'Atlantique, cette discipline amorce la conquête de l'Europe par la Tchécoslovaquie, à Plzen, le 30 août 1980. Tous les autres pays européens se mettent au diapason dès 1981 (Pays-Bas, RFA, RDA, Hongrie,…).
En France, tout commence quand l’International Management Group (IMG) dirigé par Mark MAC CORMACK décide d’organiser un triathlon à Monte-Carlo pour que la côte d’Azur soit à l’Europe ce qu’Hawaii est devenu pour les États-Unis. La mort de la Princesse GRÂCE voit l’évènement se déplacer du rocher sur la promenade.
Ils sont cinquante-sept, ce 20 novembre 1982, au départ du 1er Triathlon de Nice. Seuls dix azuréens (neuf hommes et une femme : Majo BOUTELEUX) relèvent le défi anglo-saxon, dont Georges DAUDU : « Pourquoi ? Pour prouver que les américains ne sont pas les seuls à pouvoir réaliser une pareille performance ».
L’eau est à 14°C en cette fin d’année. Á l’issue des 1.500 mètres de natation l’anglais FLAGERTY sort le premier de l’eau. Il est rapidement dépassé en vélo par le hollandais Axel KOENDERS qui fait durer le suspense pendant les 100 kilomètres du parcours. Le marathon a raison de ses forces. Mark ALLEN le passe, puis Scott MOLINA, Scott TINLEY, Jeff TINLEY (le frère) et encore quelques autres. Le premier européen est un hollandais, Jim KOSTER, qui termine 7ème. Le premier français, Jean-Paul THEULIN, termine 15ème (8h14’12’’). Majo BOUTELEUX,
 la première triathlète française, termine la course en 10h41’37’’.

    Podium Individuel Homme        Podium Individuel Femme
1    Mark ALLEN    6:33:52           L BROOKS    7:40:44
2    Scott MOLINA  6:41:50           J DAHKLOETTER    
3    Scott TINLEY   6:45:50          S EDWARDS    8:06:50

Il y a dix-sept abandons… et sept transports à l’hôpital !

Le lendemain dans Nice Matin on peut lire : « L’entrepreneur Mac CORMACK et sa troupe de bateleurs ont réussi un joli coup. Hier à Hawaii, aujourd’hui à Nice. Venez voir les increvables… Mais ce défi à l’endurance, qu’a-t-il prouvé ? Rien. Sinon qu’on pouvait le faire et c’est tout !…
 Comment situer cette journée grimaçante de souffrances dans un contexte sportif ? Et puis, sont-ce réellement des sportifs ? Ou des bêtes à courir, à pédaler, à nager ? »
Peu de français échappent au reportage d’Antenne 2 diffusé le 11 décembre 1982 dans l’émission les Jeux du Stade. Des cinquante-deux minutes retransmises, Jacques BELIN (critique à Télérama) écrit :
 « C’est sans doute aussi un record de mauvais goût. » ou « Á trop vouloir prouver, on risque d’atteindre le contraire du but recherché ». En fait, il prédisait la limite de son analyse...

Embrunman

L'Embrunman, anciennement connu sous le nom d'Embrun Man, est un triathlon très longue distance (XXL) qui se court le 15 août autour d'Embrun dans les Hautes-Alpes (France). D'une distance totale de 232 kilomètres, les triathlètes doivent enchainer 3,8 km de natation, 186 km de vélo et un marathon (42 km de course à pied) avant de franchir la ligne d'arrivée. L'épreuve, par les dénivelés qu'elle propose, tant dans sa partie cyclisme (3 600 m) que course à pied (440 m), est réputée pour être une des plus dures au monde. Depuis sa création en 1984 l'Embrunman est après l'Ironman France (Nice) le plus ancien triathlon international XXL de France. Organisé par l'association à but non lucratif « Embrunman Organisation » en partenariat avec la ville d'Embrun et la Fédération française de triathlon (FFTri), il attire chaque année de nombreux triathlètes professionnels et amateurs, nationaux et internationaux.

Un bon nombre de triathlètes choletais sont déjà passés sous la mythique petite arche blanche d'arrivée . 

A noter la 22ème place en 11h21' de Jean Charles Godet en 2009 ainsi que les 4 participations de Laurent Rotureau et Sylvain Genet  ...

VIDéo Cholet tri Embruman 2014 

ironman

1978-1980 : les premiers triathlons Ironman

Le premier triathlon Ironman est disputé à Honolulu en février 1978. Un document de trois pages détaillant les règles et le circuit complet est remis à chaque concurrent, une mention manuscrite sur la dernière page résume l'épreuve ainsi : « Nagez 2,4 miles ! Roulez 112 miles ! Courez 26,2 miles ! Vantez-vous pour le reste de votre vie ! » (« Swim 2.4 miles! Bike 112 miles! Run 26.2 miles! then brag for the rest of your life! »). S'adressant à un coureur local, Collins ajouta :
« Celui qui finit premier, nous l'appellerons l'homme de fer (« Whoever finishes first, we'll call him the Iron Man »). »
Douze des quinze hommes engagés dans l'épreuve au petit matin du 18 février 1978 achèvent la course. Le premier « Ironman » du monde, Gordon Haller, l'accomplit en 11 h 46 min 58 s. Tous les concurrents qui terminent l'épreuve, les finishers, reçoivent un trophée soudé et dessiné par John Collins lui-même : une figurine en fer avec un trou bien approprié dans la tête.
La notoriété grandissante de l'épreuve attire une cinquantaine de candidats pour l'édition de 1979. En raison des mauvaises conditions climatiques, son départ est reporté d'un jour et seuls quinze concurrents se présentent finalement sur la ligne. Tom Warren de San Diego, 35 ans, gagne en 11 h 15 min 56 s. La première « Ironwoman », Lyn Lemaire, championne cycliste de Boston, se classe cinquième sur quinze, avec un temps de 12 h 55 min 38 s.

Afin d’attirer plus de participants, John Collins envisage de modifier l'épreuve, en créant un relais, mais la publication d'un article lui fait renoncer à ce projet. C'est Barry McDermott, rédacteur de Sports Illustrated et son photographe Peter Read Miller, présents sur l’île pour couvrir un tournoi de golf, qui découvrent la course et en réalisent un reportage de dix pages. Au lendemain de cette publication, John Collins reçoit des centaines de demandes d'inscription pour sa compétition. Les fondateurs John et Judy Collins donnent alors à la chaîne de télé ABC la permission de filmer l’événement pour son émission Wide World of Sports. Ils avertissent les responsables d’ABC que « regarder la course est aussi excitant que de regarder une pelouse pousser ». Le reportage, qui va alors accentuer les effets dramatiques, fait découvrir l’Ironman au monde entier. Cent six hommes et deux femmes participent à la course. Elle est remportée en 9 h 24 min 33 s par Dave Scott, 26 ans, professeur de natation à Davis, Californie. Robin Beck gagne le trophée féminin en 11 h 21 min 24 s et se classe 12e au classement général « scratch ».
Fin 1980, le triathlon Ironman fait des émules et depuis, d’autres triathlons de longueurs différentes sont organisés dans le monde. Alors qu'il est muté à Washington par la Navy, le commandant Collins cède l'organisation de l’événement au club de sport local, le Nautilus Fitness Club.
L'histoire de la naissance de l'événement retient aussi la formule qu'il affectionne pour motiver chaque participant et le placer face au défi que représente l'épreuve :

« Vous pouvez abandonner si vous voulez, personne ne s'en souciera. Mais vous le saurez pour le reste de votre vie. »

1981-1989 : l'Ironman d'Hawaï

Valérie Silk, responsable de la supervision de la course au sein du club, décide de déplacer l’Ironman des tranquilles rivages de Waikiki au gisement stérile de lave de Kona sur la Big Island d’Hawaï. John Howard, cycliste olympique, gagne la première course sur Big Island en 9 h 38 min 29 s chez les hommes. Linda Sweeney, une des vingt compétitrices, gagne en 12 h 0 min 32 s chez les femmes. Walt Stack (73 ans), le plus âgé des triathlètes engagés, termine dernier en 26 h 20 min 0 s, le temps le plus lent de toute l’histoire des Ironmans.
En octobre 1982, les organisateurs décident de déplacer l'épreuve de février à octobre afin d’offrir de meilleures conditions d'acclimatation et de course aux athlètes venant de climats plus froids. Deux Ironmans ont donc lieu cette année-là (un en février, un autre en octobre). Un temps limite est de plus imposé. Les athlètes doivent accomplir les 226,27 km du parcours en moins de dix-huit heures et trente minutes. L’organisation fait également coïncider le jour de la course avec une nuit de pleine lune afin de procurer une meilleure assistance aux coureurs à la nuit tombée.
Après le départ des Collins et les premières retransmissions télévisées, l’Ironman prend de la consistance et se révèle au monde entier d’une manière assez inattendue, mais dont des millions de téléspectateurs se souviennent. En février 1982, Julie Moss, alors étudiante et courant afin de recueillir des impressions pour sa thèse de physiologieN , se trouve en tête de la course féminine, en dépit d’une sévère fatigue et d’une déshydratation avancée. Dans les derniers mètres de la course, elle chancelle et s'effondre en vue de la ligne d’arrivée. Elle se fait doubler par Kathleen McCartney qui remporte le titre féminin. Julie Moss rampe pourtant vers la ligne qu'elle franchit à quatre pattes. Le titre lui échappe, mais elle inscrit ainsi un des moments les plus emblématiques de l'histoire de l'ironman, qui a contribué à forger sa devise : « Tout est possible » (« Anything is possible »).
En 1983, pour la première fois, un système de qualification impose désormais un nombre limité de coureurs. Le premier Ironman organisé aux États-Unis et qualificatif pour l'épreuve reine est le « Ricoh Ironman U.S. Championship », qui se déroule à Los Angeles en mai. Les meilleurs athlètes de chaque tranche d'âge masculine ou féminine sont sélectionnés pour l'Ironman de Kona (Hawaï) en octobre.
En 1985 Scott Tinley, novateur en étant le premier à utiliser un « guidon de triathlète » sur son vélo, remporte le trophée en établissant un nouveau record de la course en 8 h 50 min 54 s. Mais de 1980 à 1987, c'est l'Américain Dave Scott, surnommé « l'Homme » (« the Man »), qui étend son emprise sur la compétition en remportant six titres en huit participations, établissant le premier record de victoires masculines sur l'épreuve. Débutent aussi les deux premières courses de qualification internationale : le « Double Brown Ironman » à Auckland en Nouvelle-Zélande qui a lieu le 24 mars et le « Yanmar Ironman Japan » au lac Biwa au Japon qui a lieu le 30 juin.
1986 et 1988 voient les premières éditions de deux nouvelles épreuves qualificatives pour l'Ironman d'Hawaï : l’Ironman Canada, organisé à Penticton en Colombie-Britannique, et l’Ironman Europe à Roth, dans l’ouest de l’Allemagne.

1990 : le championnat du monde d'Ironman et l'internationalisation

En 1990, le Dr James P. Gills, triathlète vétéran, rachète la Hawaï Triathlon Corporation à Valérie Silk et crée la World Triathlon Corporation (WTC). Cette société commerciale formalise et développe le championnat du monde d'Ironman et promeut la marque Ironman. Elle organise un circuit officiel et international de qualifications s'appuyant sur une vigoureuse politique commerciale et médiatique. Le format sportif de l'Ironman ne change pas et celui de Kona sur l'archipel d'Hawaï, qui porte désormais le nom officiel de « championnat du monde d'Ironmnan Kailua-Kona » (Ironman World Championship Kailua-Kona)27, continue de servir de support au « championnat du monde ». Compétition finale du circuit, il est considéré comme le plus important et l'un des plus prestigieux triathlons du monde.
Ces années sont aussi marquées par la domination américaine sur la compétition. Le triathlète Mark Allen, surnommé « La Poigne » (« The Grip »), égale le record de victoires masculines de Dave Scott. Il établit aussi le plus grand nombre de victoires consécutives sur la compétition. Mais c'est la triathlète zimbabwéenne naturalisée américaine Paula Newby-Fraser, surnommée « la Reine de Kona » (« the Queen of Kona »), qui établit avec huit victoires le record absolu du championnat du monde d'Ironman. Elle détient également avec vingt-trois victoires le record du plus grand nombre de victoires sur distance Ironman.
L'australien Greg Welch, surnommé « le clown fou » (« the wild joker »), met un terme à la domination américaine chez les hommes en battant Dave Scott et Mark Allen en 1994. Il devient le premier triathlète non américain à remporter le championnat du monde. Heather Fuhr, triathlète canadienne, fait de même en battant son amie et partenaire d'entrainement de longue date Paula Newby-Frazer en 1997.
 Les premiers vainqueurs européens apparaissent en 1996 pour les hommes et 1998 pour les femmes et mettent fin à la suprématie américaine. Luc Van Lierde, jeune Belge de 27 ans et nouveau venu sur l'Ironman, est le premier européen à gagner la course et améliore le record détenu par Mark Allen de plus de trois minutes, en 8 h 4 min 8 s30. Il remporte deux fois le trophée en trois participations. La Suissesse Natascha Badmann, surnommée « Mademoiselle Suisse » (Miss Swiss), devient, à 31 ans, la première européenne à remporter le titre en 9 h 24 min 16 s31. Elle le gagne six fois en huit participations et maintient son emprise sur la compétition féminine jusqu'en 2005.
En 1998, l’Ironman Triathlon World Championship célèbre son 20e anniversaire. Sept des quinze athlètes ayant participé à la première édition sont présents, et six s’alignent au départ. Parmi eux se trouve le premier vainqueur Gordon Haller qui termine en 14 h 27 min 1 s et le fondateur de la course, John Collins qui passe la ligne d’arrivée en 16 h 30 min 2 s32.
De 2005 à 2011, Chrissie Wellington, triathlète britannique, marque l'histoire du championnat du monde en gagnant quatre fois la compétition en quatre participations. Elle bat en 2009 le record détenu par Paula Newby-Fraser depuis 1992 en 8 h 54 min 2 s et elle établit en 2011, sur le Challenge de Roth en Allemagne, le record sur distance Ironman en 8 h 18 min 13 s.
Après trois années de domination allemande chez les hommes, l'Australie prend la suite à partir de 2007 grâce à Chris McCormack et surtout à Craig Alexander qui remporte la course trois fois et établit en 2011 un nouveau record en 8 h 3 min 56 s. Pourtant, cette même année, l'Allemand Andreas Raelert établit au Challenge de Roth le record absolu sur la distance Ironman en 7 h 41 min 33 s. En 2013 le belge Frederik Van Lierde met un terme à six années de domination australienne en remportant le championnat du monde, après s’être qualifié en remportant la même année et pour la troisième fois consécutive, l'Ironman France. Il cède son titre en 2014 à l'allemand Sebastian Kienle qui l'emporte devant l'américain Ben Hoffman et son compatriote Jan Frodeno. Ce dernier construit sa victoire sur la deuxième partie du parcours vélo, accentuant son avance malgré un fort vent de face, pour entamer le marathon avec une minute trente d'avance sur son premier poursuivant.
Après avoir établi lors de sa victoire sur l’édition 2013 un nouveau record féminin en 8 h 52 min 14 s35, la triathlète australienne Mirinda Carfrae, surnommée « Rinny », remporte son troisième titre de championne du monde en 2014, s'imposant devant la suissesse Daniela Ryf qui participe à cette compétition pour la première fois. Malgré un retard de près de quatorze minutes sur les premières triathlètes à la sortie de l’épreuve vélo, elle entame une des plus grandes remontées de l'histoire de la compétition pour prendre au trente-sixième kilomètre du marathon la tête de la course, qu'elle conserve jusqu'à l'arrivée.

2014 : tensions avec l'ITU, nouvelles règles et concurrences
Début 2014, les relations entre la Fédération internationale de triathlon (ITU) et la World Triathlon Corporation (WTC) se sont fortement dégradées. L'ITU ne reconnait pas complètement les règles anti-dopage proposées par l'AMA (Agence mondiale antidopage) auxquelles adhère la WTC pour les Ironmans. Elle reproche également à la WTC d'organiser des compétitions et des championnats sur des distances qui sont habituellement dévolues à l'ITU et aux fédérations nationales, selon des règles d'arbitrage et de sécurité qu'elle n'approuve pas. Ce sont les séries 70.3 (équivalente des distances L et XL) et 5150 (équivalente de la distance M), soit celle de l'épreuve olympique. Pour ces raisons, l'ITU, lors de son congrès du 19 mai 2014, a retiré son agrément aux compétitions organisées par la World Triathlon Corporation. Dès juin 2014 et dans le but d'harmoniser les règles qui régissent leur pratique, l'ITU et la WTC ont entamé une série de rencontres pour élaborer des standards susceptibles d'être agréés en 2015. En février 2015 la direction de la WTC annonce la normalisation de ses règles de course avec celles de l'ITU qui s'appliquent désormais dans l’ensemble des compétitions qu'elle organise dans le monde.
De sa création à l’édition 2013, un départ massif (mass start), moment d'intense tension pour les triathlètes, s'ajoute à la difficulté de la première épreuve. Mais du fait de l'augmentation tant quantitative que qualitative des triathlètes qualifiés pour le championnat du monde, la WTC décide de mettre en œuvre pour l'édition 2014 une nouvelle règle : un départ par vagues. Ceci permet de réduire le nombre de triathlètes sortant simultanément de l'eau qui rend plus difficile l'application de la règle d’interdiction d'« aspiration-abri » (drafting), créant également des problèmes de sécurité. Elles sont au nombre de quatre, espacées de cinq minutes pour les professionnels et de dix pour les classes d'âge. L'édition 2014 voit donc, pour la première fois de son histoire, un départ différencié des compétiteurs. Les élites masculines démarrent la course à 6 h 25, les élites féminines à 6 h 30, puis des classes d'âges hommes à 6 h 50 et femmes à 7 h40.

En 2014, la marque européenne Challenge Family s'est associée avec la marque américaine Révolution 3 (Rev3) créée en 2009, afin d'augmenter la pression concurrentielle sur la marque Ironman, par l’organisation et la structuration d'un circuit de compétitions américaines et internationales sur toutes distances.

Le circuit de qualification professionnel 2014/2015 pour le championnat du monde compte neuf compétitions en moins. Ces compétitions Ironmans continuent d’être organisées mais n'offrent ni prime, ni point de qualification pour les professionnels au Kona Point Ranking. Les primes sont réparties sur les autres compétitions. En 2015, pour l’ensemble de ses courses qualificatives, la dotation de la World Triathlon Corporation s'élève à 5,1 millions de dollars.
Organisation de la compétition moderne
La participation à la finale de ce championnat exige une qualification préalable. En 2015 quarante compétitions, ouvertes aux professionnels et aux amateurs, sont organisées à cette fin. Trente seulement offrent des points et des primes aux professionnels mais toutes procurent des places qualificatives (slot) aux amateurs. Plus de 80 000 triathlètes tentent chaque année de se qualifier pour le « Championnat du monde Ironman » mais 1 850 seulement sont admis au départ de la course.
Épreuves de qualification
Pour les sportifs amateurs, les qualifications, par catégories d'âge définies par tranche de cinq ans, sont quantifiées (slots) proportionnellement au nombre de coureurs de chaque groupe d'âge présents au départ de chacune des courses.
Le champion du monde Ironman en titre se voit offrir la possibilité d'être inscrit directement pour la course de Kailua-Kona lors des cinq éditions suivantes, sous réserve qu'il ait terminé une course qualificative durant l'année (sans pour autant avoir d'impératif en termes de classement final durant cette course). 
Les vainqueurs des triathlons comptant pour les championnats continentaux sont qualifiés directement pour le championnat du monde 

Challenge Roth

Le Challenge Roth officiellement depuis 2013, DATEV Challenge Roth est le nom d'une compétition de triathlon de format XXL, qui à lieu en Bavière dans la ville allemande de Roth. Cette compétition prend la suite de l'une des premières compétitions sur distance Ironman qualificative pour l'Ironman World Championship de Kona à Hawaï organisée en Europe sous le nom d'Ironman Europe Roth jusqu'en 2001. Elle fait désormais partie de la série World Challenge organisée par la société privée Team Challenge. Le Challenge Roth n'est plus qualificatif pour le championnat du monde d'Ironman mais reste par son histoire et son taux de participation un des principaux événements de triathlon en Europe. En plus de la course sur distance Ironman, cet événement sportif sert de support aux championnats d'Allemagne et d'Europe longue distance organisés par la Fédération allemande (DTU) et la Fédération européenne de triathlon (ETU).

(Meilleure performance choletaise à Roth : J-C Godet : 9h02'30" ( 59'/4h44'/3h13') ... )

" Espace détente "


Les 4 saisons du triathlète 


Mesdames, votre mari est sportif d'endurance, triathlète par exemple, et vous ne le comprenez pas toujours. Ses réactions vous étonnent, ses raisonnements vous semblent dépourvus de tout bon sens et ses caprices déclenchent chez vous des crises d'hystérie.


C'est NORMAL !


Le triathlète n'est pas un homme comme les autres, d'abord parce qu'il a choisi ce sport, ensuite parce que ce sport a aggravé son cas.


Messieurs, votre petite amie, votre épouse triathlète a un comportement étrange, vous ne la comprenez plus.


C'est NORMAL ! Les hommes n'ont jamais rien compris aux femmes.


Mademoiselle, monsieur, vous venez de rencontrer un ou une triathlète amateur et vous songez déjà au "plus si affinités" ? Autant vous mettre au parfum tout de suite, avant de vous engager pour la vie. En effet, chacun d'entre nous a dans l'esprit l'image rêvée du sportif triathlète : fendant l'écume ou la bise, il nage, pédale et cavale, fringant, infatigable. Il s'agit du triathlète vu à la télé, professionnel, bronzé, les pectoraux surdimensionnés. Celui-là ne nous intéresse pas car il est rare de le croiser. Voyons plutôt le triathlète amateur, le Vulgus triathleticus, celui que vous rencontrez dans la rue ou dans le canapé de votre salon.


Mademoiselle, monsieur, vous possédez ou posséderez bientôt un triathlète à la maison : les lignes qui suivent vous concernent. Cherchons donc à mieux comprendre nos amis les sportifs, pour la gloire de la science et la paix des ménages. Et puisque nous sommes condamné(e)s à les subir toute l'année, étudions la variété de leurs comportements au fil des mois et des saisons.


Au sortir de la période de récupération (voir les mois "octobre, novembre, décembre"), le triathlète vit une période psychologiquement difficile, et ce à deux points de vue.


Il lui faut tout d'abord se remotiver. A une époque peu propice aux longues et champêtres randonnées cyclistes, sortir le vélo du garage demande un effort incalculable. Le bonnet est de mise au sortir de la piscine, et les orteils rendus frileux par les soirées au coin du feu n'apprécient guère les pistes gelées, fussent-elles en tartan. Mais foin de tout cela. Ce que le triathlète appelle "difficulté à s'y remettre" s'appelle paresse ou flemme chez le commun des mortels. Votre cossard de triathlète n'est pas plus malade que le fainéant ordinaire. Et il va malgré tout "s'y remettre".


La seconde difficulté du mois de janvier est plus intéressante du point de vue de la psychologie triathlétique. Le sportif, qui depuis octobre est au repos, a récupéré ses oligo-éléments, acides aminés, sels minéraux et autres microscopiques agents de la forme que l'on trouve dans les sauces au beurre, les frites, les éclairs au chocolat et les boissons ferrugineuses. Il a aussi récupéré quelques plis, il a la peau épaisse, quand ce n'est pas le bidon proéminent. Noël et le jour de l'an n'ont pas arrangé les choses. Dédouané par la "récup" et la perspective de perdre au prochain entraînement ses grammes surnuméraires, notre athlète a bâfré sans complexes.


Au premier entraînement de course à pied c'est le drame. Notre sportif se traîne, il sombre dans le désespoir. Le spleen le saisit, il déprime en feuilletant Triathlète magazine et ses hordes de sportifs affûtés, à la joue creuse et à la cuisse légère.


Commence alors pour toute la famille une période difficile. La chasse aux lipides est ouverte, le triathlète est au régime. Les pâtes à rien refont leur apparition midi et soir, les yaourts écrémés et le fromage blanc à 0% encombrent le frigo. Subitement, la fonction "dépense énergétique" du cardio-fréquencemètre reprend toute sa valeur. Comme le triathlète amateur est un humain, c'est dur, très dur. Déçu par ses performances, il ne peut même plus manger pour se consoler.


La famille apitoyée se cache pour continuer de se goinfrer en paix : il faut bien finir les chocolats de Noël.


Février


Quelques grammes de muscles ont remplacé quelques kilos de graisse, notre triathlète a meilleur moral. Il voit avec joie les séances s'allonger, les performances s'améliorer. Il a ressorti son home-trainer et il empuantit joyeusement la maison les jours de blizzard. C'est bon pour la cadence de pédalage. C'est beau l'entraînement scientifique. Notre grassouillet frileux est redevenu un triathlète dans l'âme. Il note scrupuleusement sur son cahier d'entraînement les kilomètres parcourus, les temps, les rythmes. Il recopie les temps des triathlons courus, il compare les temps, il compte les compètes depuis l'année dernière et depuis ses débuts dans le triathlon. Il faut le laisser faire, il est un peu maniaque. Dans la foulée, il prépare les pages correspondant aux mois à venir, il note les compétitions auxquelles il prévoit de participer, les objectifs club... Il rêve et soudain il panique. Trois mois ! Il ne reste que trois mois avant le retour des beaux jours et des hostilités. Et le voilà qui remplit son cahier avec hargne, qui exhume les plaquettes et les pull-boys, qui allonge les sorties vélo au mépris des déjeuners dominicaux, qui court de nuit, oublieux des chiens et des exhibitionnistes.


A la maison, c'est pâtes complètes, riz complet, semoule complète et malheur à qui jette l'eau de cuisson à l'égout.


La forme revenue, notre triathlète amateur recommence à lécher sérieusement les vitrines. Les cadres pendus chez les marchands de cycles l'attirent comme des aimants. Et ne parlons pas des roues. Le danger pour le budget familial n'est cependant pas encore patent. Notre athlète n'est pas encore au mieux de sa forme et, n'étant qu'un amateur, il sait qu'une bouée de moins fait gagner plus de secondes qu'un cadre ou des roues dernier cri. Il se contentera donc, dans la plupart des cas, d'une petite révision de sa monture. N'empêche, il rêve.


Mars


L'échéance approche. Le mois prochain, les premières compétitions commencent. Des petites, pour se faire les jambes. L'entraînement devient frénétique, tout devient prétexte à préparation. Certains vont au travail en courant, faisant croire à leur épouse qu'ils font des économies de carburant, d'autres promènent leurs enfants dans des charrettes attelées à leur vélo. On en voit même qui exigent de faire les courses au supermarché. Ils font ainsi d'une pierre deux coups : ils courent en poussant le caddie de plus en plus chargé (effort gradué) et ils choisissent la nourriture (y compris les coûteuses barres énergétiques planquées dès le retour au foyer). Les gosses ont perdu tout espoir de voir émerger des cabas leurs précieuses barres Kinder.


Au sein des clubs, les discussions vont bon train : les meilleurs "produits de l'effort" à croquer ou à téter, les nouveaux équipements spécial triathlon, les dernières promos chez Décathlon. Les tuyaux s'échangent après l'entraînement sur le parking de la piscine. Les triathlètes, eux aussi, ont leurs réunions Tuperware. L'émulation commence à poindre : "Machin était en forme aujourd'hui", "Truc est resté à l'abri à vélo hier, il couve quelque chose", "Bidule a salement progressé en natation cet hiver" entend-on à la maison. Il s'agit de savoir qui sera un "fer de lance" du club cette saison. Mais rien n'est dit, il reste les blessures.


Ah, les blessures, vaste sujet. Pour le commun des mortels, une blessure est un trou dans la chair, avec du sang, des croûtes, voire de l'os en miettes. Chez les triathlètes, les blessures sont généralement invisibles (sauf quand ils râpent la chaussée avec leur fesses en se laissant choir de leur vélo). Les blessures des triathlètes s'appellent déchirures musculaires, élongations, claquages, ou pire, tendinites. Rien de bien grave, en somme. On les appelle blessures quand même par référence aux blessures de l'âme. Eh oui, les triathlètes ont une âme, fragile de surcroît.


Mars est la meilleure période pour tous ces redoutables accidents. Rescapé des agapes de Noël, fringant au retour des entraînements, ambitieux, sûr de lui, notre athlète a enfin (presque) domestiqué ce corps récalcitrant qui lui ruinait le moral il y a deux mois. Il feuillette son cahier d'entraînement, voit arriver les épreuves avec plaisir et songe de plus en plus à s'offrir la nouvelle monture de ses rêves. Tout est possible!


Et là, trahison! Ca commence par une petite douleur qui inquiète sans plus, mais qui s'incruste. Le kiné dit qu'il faut lever le pied, on s'autorise donc une petite semaine de repos en se disant que ça va passer et qu'une petite récup n'est pas mauvaise de toute façon. Mais ça ne passe pas. De médecin en kiné, de kiné en médecin du sport, de médecin du sport en radiologue, de radiologue en podologue, le trou de la sécu se creuse inexorablement et le moral de notre sportif avec. Dans le cahier d'entraînement, les épreuves les plus proches sont rayées et un rageur "blessé" s'inscrit à la place. Il faut bien justifier ses manques.


A la maison c'est l'enfer. Le régime a repris de plus belle: il ne faut pas gâcher les dernières chances de compètes, ruiner les objectifs plus lointains en attrapant une bedaine. Privé de sa dose, notre sportif tourne en rond, fait des bonds dans son lit, se lève la nuit, écrit des âneries, fait des mots croisés, cherche la scène de ménage... Il voit ses efforts réduits à néant, ses objectifs soudain inaccessibles. On le plaindrait presque s'il n'était pas si casse-pieds.


Les copains du club progressent, il régresse, la "saison" est presque fichue. Si le mal ne cède pas, la dépression le guette. Il faut planquer tous les numéros de Triathlète, le laisser manger comme il veut (puisqu'il est obligatoirement casse-pieds, autant qu'il reste joli à regarder), le sortir chez des amis non sportifs à qui l'on aura précédemment fait la leçon (ne pas demander où en est l'entraînement), lui offrir un tour du potier ou un manuel de jardinage, en profiter pour mettre l'appartement en travaux, ne pas lui proposer de monter au grenier tout le matériel qui ne sert plus à rien en ce moment et qui encombre le couloir. Bref, il faut l'occuper et l'empêcher à tout prix de courir ou de monter sur son vélo pour voir si "ça fait toujours mal".
Si le mal cède, on peut aborder le mois d'avril avec le sourire.
Avril


Notre sportif n'est pas encore au top mais n'a pas besoin de l'être. L'eau est encore trop froide pour les triathlons, il s'agit de se mettre en jambes lors des premiers duathlons.


La première compet' est cruciale pour le moral. Réussie, elle laisse présager une bonne saison. Les triathlètes du club s'observent, reluquent les nouveaux vélos, goûtent la dernière potion à la mode et entrent leurs temps dans leurs montres spéciales triathlon (enfin, pour ceux qui ne sont pas trop émus pour manipuler correctement les boutons.)


S'il fait beau, ces dames (ou ces messieurs) viennent encourager et admirer leur sportif perso et ses camarades. C'est l'occasion de voir passer en trombe et à vélo celui qu'on voit passer en trombe, mais sans vélo, à la maison. S'il fait très beau, les enfants sont de la partie. Dressés depuis leur plus jeune âge à hurler : "Allez, vas-y papa, tu vas y arriver, bravo papa!" et autres niaiseries, ils font la fierté du sportif qui n'a donc pas besoin de gagner.


Chacun se positionne au sein du club, veut savoir qui est meilleur que lui et dans quelle discipline, qui attaque fort au début et qui craque sur la fin. Au lieu de papoter paisiblement, ces dames sont contraintes de tenir chrono. "Tu es 75ème" ne suffit pas. Il faut dire: "Tu es 75ème à 5 minutes derrière Machin qui est 64ème, qui a doublé Truc au premier tour et qui suit Bidule, 39ème à 15 minutes". Tout ça en deux dixièmes de seconde si le chéri n'est pas trop fatigué. Dur.


Après l'épreuve, le réconfort. Pendant que les courageux sportifs devisent en se gorgeant de coca et de fruits secs, les conjoints chantent des cantiques pour que les résultats tombent vite et qu'on-puisse-rentrer-la-marmaille-il-y-a-école-demain.


Retour au foyer et au sacro-saint cahier d'entraînement. Notre athlète fait cracher sa montre et note scrupuleusement ses temps, pour pouvoir comparer avec ceux de l'année dernière. Son journal intime renseigné, il feuillette les pages suivantes, rêve aux prochaines compets, avale un plat de pâtes et va au lit. Bien sûr, il n'a pas oublié de remplir la panière de linge salle ni de jeter dans l'armoire le magnifique T-shirt gagné à l'épreuve qui vient grossir la pile de ceux des triathlons passés.


Le bénéfice de la première épreuve est certain. Notre athlète a en général mieux réussi qu'il ne le pensait. Le voilà donc motivé pour progresser encore et il s'entraîne de plus belle.


Mai


Les premiers triathlons commencent, il est temps de se jeter au lac. Les combis refont leur apparition et pendent au-dessus des baignoires. Voici revenu le temps des contorsions et de la virile entraide qui permet de remonter les fermetures éclair. Voici revenu le temps des choses sérieuses (en attendant celui des cerises).


Le vrai spectacle commence, celui des parcs à vélo. Nos athlètes attendent fiévreusement l'ouverture de l'arène. En attendant, ils patientent au pied des véhicules, versent d'épouvantables mixtures dans leurs bidons, malaxent et collent sur leurs cadres des barres à l'arôme figue ou amande au mépris des plus élémentaires règles de l'hygiène, se font parfois goûter leurs potions magiques (on tient peut-être là l'explication des subites gastro qui frappent les coureurs en pleine compétition?). Ils examinent leurs vélos, manipulent les dérailleurs, se donnent des conseils de réglage, essayent les dits réglages, mais surtout, ils MATENT. Oh, pas les fesses de la rare triathlète essayant son vélo. Non, ils matent les vélos des autres. Ils commentent: "Cannondale a fait un malheur avec ce modèle - Ils ont vendu surtout des rouges, avec l'équipement Record carbone et visserie en titane. - Regarde tous ces Look d'enfer - Je me suis tâté pour en prendre un, ils étaient abordables - Oui mais l'équipement est bas de gamme ! - Et le poids? Tu l'as soupesé celui là ? - Et blablabla... - Regardez, un VTC! Il va quand même pas courir avec ça ?!" Il y a deux sortes de types qui ont un moche vélo : ceux du club et les autres. Ceux du club ont un mérite fou de pédaler avec ça, les autres n'espèrent tout de même pas finir la course, les plaisantins.


Enfin, le parc est ouvert. Des hordes de sportifs se précipitent, poussant le vélo, traînant des sacs énormes. Il reste bien une heure avant le départ mais ce n'est pas de trop.


Pour les spectateurs, c'est le parc d'attraction. Il y a ceux qui n'ont pas encore épinglé leur dossard, ceux qui ont oublié leurs épingles à nourrice (la bleusaille), ceux qui pour la vingtième fois se demandent comment ils ont fait la dernière fois pour accrocher leur pancarte sur leur cadre, ceux qui oublient leurs chaussures de vélo dans la voiture (les étourdis). Il y a ceux qui se concentrent, assis la tête dans les mains et ceux qui s'installent comme à l'hôtel. Ceux-là en sont encore à étaler leur petite serviette au pied de leur chaise, à ranger leurs chaussures de vélo dans le sens de la marche, à côté de la serviette et leurs chaussures de course à pied de l'autre côté du vélo. Il y a les méfiants qui groupent tout sous la chaise et les débonnaires qui s'étalent sur l'emplacement des autres. Mais surtout il y a les bavards. Loin de l'oreille goguenarde du conjoint, on raconte la dernière épreuve, celle où l'on a cru voir son voisin d'emplacement, histoire d'engager la conversation. On raconte le lac, froid encore pour la saison, le parcours vélo, sélectif, la course à pied en deux boucles-pour-le-public-c'est-nettement-mieux. On embraye sur les courses de l'an dernier, sur celles qu'on fera dans les mois à venir, où l'on se retrouvera peut-être. On joue au modeste: n'oublions pas que le voisin de parc à vélo est aussi un adversaire qu'il faut inquiéter sans trop, et que les potes de club écoutent. Les pires puants faux modestes portent le T-shirt finisher du triathlon de Nice, ou mieux, celui d'Embrun. Comme s'ils en avaient des douzaines dans leurs placards, des T-shirt finisher, et qu'ils avaient pris celui là par hasard ! Ceux là sont aussi, souvent, de vrais prétentieux à fuir.


H moins 20 minutes. Cette fois le public est à la fête. Derrière les barrières, il est vraiment au zoo. En effervescence, nos athlètes tentent de s'introduire dans leurs combis. Malgré les zip, les scratches et les régimes, c'est dur. Ils se tartinent à la vaseline puis partent pieds nus, se dandinant comme des canards sur les cailloux, le haut de la combi pendouillant sur les genoux : direction le plan d'eau où il faudra encore attendre dix bonnes minutes avant le départ, le temps de faire reculer les ambitieux et ceux qui aimeraient bien échapper aux gnons en fuyant le gros du peloton.


Heure H. Le troupeau est parti. Après le départ, plus question de retrouver son triathlète dans le banc de thons qui fonce vers l'arrivée. Seul le meilleur, (le premier) et le plus mauvais (qui brasse péniblement à la queue) ont la chance d'être reconnus et soutenus par le public.


A l'arrivée, la gymnastique recommence. Maladroits, nos sportifs tentent à la fois de retrouver la pesanteur du plancher des vaches et de s'extirper de leur collante combinaison avant l'entrée du parc. Cela donne lieu à de comiques contorsions que le public, occupé à compter les candidats à la sortie de l'eau ou à les photographier, ne relève pas la plupart du temps.
Le public posté aux abords du parc a lui aussi l'occasion de rigoler un coup. Certains nageurs arrivent la combi sur le bras. Ils sautent dans leurs chaussures, avalent en courant une cochonnerie énergétique et finiront de sécher sur le vélo. D'autres, désincarcérés ou pas de leur combinaison, s'asseyent tranquillement sur leur petite chaise, s'essuient les pieds, enfilent des chaussettes, ajustent leurs chaussures, se lèvent, replient leur serviette, la rangent dans le sac, en sortent une autre pour la transition vélo-course à pied, ferment le sac, plient leur combi, la stockent dans un sac en plastique, mastiquent calmement une ration de survie, chaussent leurs lunettes et partent enfin. C'est à se demander pourquoi ils ont couru en sortant de l'eau.


Le cinéma se répète à la transition suivante. Le public encourage. Ces dames, pas dégoûtées applaudissent leurs sportifs titubant, suant, bavant l'eau des ravitaillements.


L'arrivée, enfin. Mais personne ne songe à rentrer. On attend les temps (même si on les a déjà dans la montre), les camarades encore en course, la remise des prix.


Au retour, les conversations deviennent intéressantes. Chacun est désormais positionné dans le club, les équipes longue distance se forment. Chacun compare ses temps intermédiaires avec ceux des autres, raconte combien il a doublé de concurrents à vélo (et sur le nombre, combien avaient des roues profilées ou à bâtons). Chacun fait ses comptes : "Machin m'a doublé à vélo mais je l'ai repassé à pied, Truc n'est plus qu'à deux minutes derrière moi en natation, j'ai vu Bidule marcher dans les côtes, je le croyais plus en forme". Quand l'ambiance va, tout va.


L'équipe soutient aussi le pauvre malchanceux contraint à l'abandon, sur panne mécanique ou pire, sur malaise. Voilà notre athlète rangeant tristement son matériel, trouvant encore le courage d'attendre et de soutenir les autres, ruminant son échec et ses conséquences pour l'équipe, se disant qu'il a fait sa dernière course, rongeant une barre énergétique pour ne pas se ronger les ongles devant tout le monde.


Que dire ? Que faire pour l'aider ? Rien. S'il a trop mauvaise mine, le traîner vers le camion de la Croix rouge. Et c'est tout. L'expérience a montré que le mordu reprend toujours le chemin de la compet', il ne déprimera donc que jusqu'au prochain triathlon.


Juin , Juillet, Août, Septembre


La saison bat son plein. Le triathlète devient l'homme invisible : la semaine à l'entraînement et le week-end en course. Même les vacances y passent. Le vélo est de la partie, le matériel encombre le coffre : plutôt abandonner le chien qu'oublier un sac de sport. Le site des vacances est lui aussi choisi avec circonspection : pas trop loin si possible d'une ou deux petites épreuves pour se maintenir en forme et garder la motivation. C'est que les longues distances approchent.


Les triathlètes appellent indifféremment les moyens et les longs triathlons des "longues distances". On se demande bien pourquoi. Si l'on considère que les courts sont appelés "distance olympique" pour faire moins petit joueur, on a une idée de la réponse.


En tout cas, c'est le long, le vrai, qui fait le surhomme, l'Ironman (ou le débile, ou le maso) aux yeux des foules. Ce sont les coureurs de longue distance qui font l'élite.


Les longues distances sont rares et donnent lieu à de grands voyages. Le trajet fait dans la même voiture, le séjour passé dans le même hôtel permettent à nos athlètes de renforcer leur saine et franche camaraderie. Rien ne vaut la nouille partagée au petit matin, ni la pasta partie de la veille au soir. En plus d'y ingérer son stock d'hydrates de carbone, on s'y observe: "Regarde celui là comme il est affûté ! Les joues ! T'as vu ses joues comme elles sont creuses ?" Si d'aventure le gus se lève pour aller réclamer du rabe de pâtes, tous les regards tombent sur ses mollets musclés, rasés de près et si possible bronzés. "Il a dû en bouffer des côtes. Tu crois qu'il est dopé?"


L'affûtage et le doping sont les deux mamelles des discussions pré longue distance. Post aussi d'ailleurs, quand on a maté les mollets du vainqueur.


Les longues distances sont aussi l'occasion de conforter l'esprit d'équipe. N'ayant pratiquement aucune chance de gagner, la plupart des triathlètes misent sur le classement par équipe pour monter sur le podium. Une fois choisis les membres du club qui formeront l'équipe, la compétition entre eux disparaît officiellement (officieusement, chacun veut faire "un temps", et parfois un temps qui marquera les annales du club). L'entraide joue donc à plein. On se refile des tuyaux, des boyaux, on se remonte le moral, on s'encourage, on rassure les anxieux. On va même jusqu'à se prêter des roues, c'est dire.


Dans la course, c'est encore l'équipe qui soutient l'effort individuel. Ses membres ont perdu le droit d'abandonner. Ne pas finir un triathlon, c'est dur. Mais couler le groupe à cause d'une minable défaillance personnelle, c'est insurmontable. Plus encore que la famille ou l'ambition, l'équipe est l'aiguillon qui maintient le triathlète en selle.


Il ne faut cependant pas minimiser le rôle de la famille. Le triathlète qui part en compétition disparaît pour un bon bout de temps du logis. Tôt levé (pâtes matinales oblige), tôt parti (les dossards se retirent une éternité à l'avance), tard rentré, quand ce n'est pas rentré du tout (distance oblige), l'absent abandonne le foyer plus longtemps qu'un V.R.P., mais ne ramène qu'un T-shirt. Si au soir du retour, au lieu de rentrer content du week-end, du parcours ou de l'ambiance, il tire la tronche en râlant sur l'organisation, la météo, les bouchons ou pire, sur les crevaisons, le drafting ou l'éventuel abandon, il se fait MASSACRER par bobonne qui ne s'est pas tapé les gnards tout le week-end pour entendre des jérémiades. L'épouse qui, au contraire, console son chéri déçu a de bonnes intentions, mais elle ne l'incite guère au progrès et elle se fait manger le week-end sur le dos.


Entre l'esprit d'équipe et la pression familiale, le coureur de longue distance n'a plus le choix : il doit finir. Quitte à se gaver de barres énergétiques et à prendre des kilos au lieu d'en perdre. Quitte à pousser le vélo dans les côtes ou à marcher même dans les descentes. Quitte à arriver dernier. La ténacité des Ironman a des ressorts que l'amour du sport ignore.


Octobre, Novembre, Décembre


La période de récupération est enfin arrivée. Les rêves de grosses bouffes ou, pire, de grignotage intense, vont pouvoir se concrétiser sans remords. Face au kilo de Léonidas, ce n'est pas la goinfrerie qui parle, c'est le corps qui appelle. Notre athlète, qu'on a cru accro à l'exercice physique intense, devient brutalement sédentaire. Il va à la piscine pour bavarder, stationne longuement assis sur le bord du bassin en faisant des petits battements avec les pieds, sort le VTT pour se donner bonne conscience et ne court plus parce qu'il faut laisser les tendons se reposer (en réalité parce qu'il fait trop froid). Il se remplume et devient débonnaire, voire bedonnant. L'approche de Noël l'attire irrésistiblement vers les magasins de cycles. C'est le moment de lui parler de la taxe d'habitation, de la vignette auto et du père Noël des enfants. Avec un peu de chance, on s'en tirera avec un nouveau jeu de pédalier.


Il faut profiter de ces mois calmes où notre athlète n'en est plus un, reste à la maison sans se dire qu'il devrait être ailleurs et ne salit plus qu'un t-shirt par jour. Un quart de l'année, ce n'est pas si mal. Pour un peu, on le lui offrirait, ce fameux Cannondale rouge de moins de sept kilos. "